Trump, le Commerce Extérieur, et l’Avenir du Partenariat Transpacifique

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Écrit par: Dezan Shira & Associates

Traduit par: Thibaut Minot

Après des semaines de campagne, culminant dans une concession officielle d’Hillary Clinton, Donald Trump a été élu pour devenir le 45ème président des États-Unis d’Amérique. Étant donné le rôle central joué par les États-Unis dans les négociations du Partenariat Transpacifique (TPP), et l’impasse législative actuelle sur la question de la ratification du traité, la victoire de Trump aura vraisemblablement un impact significatif sur le résultat final de l’accord. À cet égard, il vaut la peine d’examiner les particularités de la position de Trump sur le TPP, sa vision du Vietnam en particulier, ainsi que l’impact que ses positions sont susceptibles d’avoir sur le statut de l’accord et sur les futures négociations entre les États-Unis et le Vietnam.

Les Positions de Trump

Tirant son soutien d’une base électorale réactionnaire, facilement convaincue par les explications simplifiées et populistes du commerce international, il n’est naturellement pas difficile de trouver dans les journaux des arguments isolationnistes attribués à Trump et sa campagne. Tandis que les positions de cette nature doivent être prises en compte, dans la mesure où Trump les utilisera vraisemblablement lors d’une future campagne de réélection, il est important de déchiffrer de manière plus globale les occasions où Trump, son bras droit Mike Pence, et les membres de leur équipe, ont offert des détails sur des positions politiques spécifiques. Ces prises de position lors de la campagne donnent une idée de la façon dont l‘Administration Trump pourrait gérer la question du commerce extérieur américain dans les mois à venir.

Le Commerce Extérieur

Sur la question du commerce extérieur – un sujet de la plus haute importance pour le TPP – Trump s’est montré étonnamment favorable. Malgré ses prises de position sévères sur les accords de libre-échange tels que NAFTA et même le TPP, les principales critiques de l’équipe Trump portent sur la façon dont les traités commerciaux ont été négociés, les pays avec lesquels ils ont été conclus, et la structure des accords signés, plutôt que sur le concept de libre-échange lui-même.

Bien que les critiques sur des questions clés telles que les réductions tarifaires et les mécanismes d’application des accords commerciaux soient assez courantes, et ont certainement été un élément essentiel de la rhétorique de Trump, la proposition de Trump pour remédier à ces obstacles est néanmoins intéressante. Lorsqu’il a été interrogé sur sa position au sujet du TPP lors d’un premier débat de la primaire, tenu conjointement par Fox Business et le Wall Street Journal, Trump a plaidé pour des négociations bilatérales plutôt que pour des accords multilatéraux et a souligné que le jumelage entre les partenaires commerciaux était essentiel pour le succès des accords. Avant tout, Trump s’est vanté de ses capacités de négociateur et a exprimé un désir de s’impliquer dans les processus de négociations à l’avenir.

Le Vietnam

Dans le contexte du TPP, la préférence pour les négociations bilatérales est, sans aucun doute, mauvais signe. En outre, étant donné l’importante disparité économique entre le Vietnam et les États-Unis, il n’y a guère de raisons de penser que Trump considérerait le Vietnam comme un candidat privilégié pour de futures négociations bilatérales basées uniquement sur des avantages commerciaux. Malgré tout, il vaut la peine de garder à l’esprit que, contrairement à des pays comme la Chine ou le Mexique, le Vietnam n’a pas fait l’objet de critiques substantielles de la part du camp Trump. Ainsi, si les conditions sont réunies et si Trump vient à s’impliquer personnellement dans le processus de négociation, il est possible que des domaines d’intérêts mutuels puissent être trouvés et que le TPP puisse même voir le jour dans les mois à venir.

L’Avenir du TPP

Après l’élection de Trump, le leader Républicain du sénat Mitch McConnell a indiqué que le TPP sera déposé jusqu’à que Trump prenne ses fonctions, et les dirigeants Démocrates ont quant à eux concédé que le TPP ne verra pas le jour d’ici la passation du pouvoir. Bien que cela signifie que le TPP sera presque certainement retardé, il y a plusieurs raisons d’adopter une approche d’attente plutôt que de céder à la panique qui a saisi les médias internationaux et les marchés boursiers.

La Chine

Tout au long de la campagne Trump, la Chine a été à l’avant-garde des critiques visant la mondialisation et au cœur de la solution de Trump pour résoudre de nombreux problèmes auxquels la classe ouvrière américaine est confrontée. Alors que la critique du commerce extérieur et la critique de la Chine sont souvent étroitement mélangées, la sélection des parties au TPP représente en grande partie une tentative d’utiliser le commerce extérieur pour minimiser l’influence chinoise dans la région Asie-Pacifique (APAC). Bien qu’il s’écarte nettement de la compréhension simpliste du commerce extérieur qui a dominé la rhétorique de la campagne Trump, le TPP présente néanmoins une option saillante pour les États-Unis de réduire leur dépendance envers les produits chinois et de promouvoir dans la région un État de droit conforme à ses normes.

Compte tenu de la position de Trump à l’égard du commerce extérieur, ainsi que de sa propension à rapidement changer de position, est-il bien raisonnable d’être optimiste que le TPP pourrait être rebaptisé et soutenu par l’Administration Trump? Par le passé, Trump a montré qu’il n’hésitait pas à parler franchement et est bien connu pour être très peu affecté par la perception publique de ses changements soudains de position.

Bien que le TPP puisse être rebaptisé et soutenu par l’Administration Trump, il est probable que cela nécessite un certain degré d’ajustement afin de rationaliser le changement de position. Une critique du TPP qui pourrait répondre à cette exigence, et qui devrait ainsi être suivie de près, concerne les règles d’origine de l’accord. Au cours de sa campagne, Trump a indiqué que la Chine serait en mesure d’accéder au TPP, annulant ainsi ses effets stratégiques désirés. Si la légitimité de cette revendication demeure à l’ordre du jour, l’introduction de règles plus strictes concernant l’origine des produits échangés devrait être considérée comme une possibilité et donc surveillée de près.

La Continuité de la Base Républicaine

Plus important que de répondre aux attentes dans sa gestion de la Chine, est la réalité politique que Trump est susceptible de devoir faire face lorsqu’il prendra le pouvoir. Contrairement à sa capacité à tirer parti de sa personnalité et de son charisme pendant les élections, il sera difficile pour Trump d’obtenir des résultats sur  le plan législatif sans le soutien d’alliés Républicains – une réalité qui est devenue évidente pendant le mandat d’Obama.

Pour les Républicains aux États-Unis aussi bien que pour Trump, le report du TPP permettra à la nouvelle Administration Trump de se voir créditer la signature éventuelle du traité, et donc de priver l’Administration Obama de ce privilège. Même avec des changements légers, la ratification du TPP pourrait avoir un rôle à jouer dans le rassemblement du parti Républicain, et est également susceptible d’aider Trump à gagner en popularité dans le monde des affaires et parmi les dirigeants internationaux.

La FTAAP et la Perspective d’une Zone Pacifique Unifiée

Si l’on regarde plus loin, l’échec du TPP ne signifiera pas forcément la fin du libre-échange au sein de la zone de Coopération Économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) ni une perte d’intérêt au Vietnam. Dezan Shira & Associates, ainsi que son président Chris Devonshire Ellis, ont longtemps estimé que des accords comme le TPP ou l’Accord de Partenariat Économique Régional (RCEP), bien que bénéfiques dans leur champ d’application, sont destinés à être remplacés car ils excluent soit la Chine soit les États-Unis. Un scénario plus plausible, devenu de plus en plus probable face à l’affaiblissement du TPP, est celui d’un accord commercial véritablement inclusif dans son champ d’application.

Comprenant les États-Unis, la Chine, le Vietnam et 18 autres pays du Pacifique, la Zone de Libre-Échange de la Région Asie-Pacifique (FTAAP) comporte certainement tous les éléments nécessaires à un accord couvrant véritable la zone du Pacifique. Lors d’un récent sommet de l’APEC au Pérou, Xi Jinping a promu l’accord comme l’objectif ultime de la poussée actuelle de la Chine pour un partenariat plus restreint, le RCEP, dans un discours qui a été largement considéré comme la réponse chinoise à un TPP vacillant. Si la FTAAP devait se concrétiser, il est probable que les exportations du Vietnam bénéficieraient encore plus que dans le cadre de l’actuel TPP. En outre, avec une attention unifiée autour d’un objectif commun, il est probable qu’un recentrage sur la FTAAP épargnera à de nombreux pays le choix entre une zone Pacifique dominée par les États-Unis ou une autre dominée par la Chine.

Pour un pays comme le Vietnam, cependant, la participation des États-Unis – son principal partenaire commercial – sera de la plus haute importance. A première vue, le caractère multilatéral de la FTAAP va à l’encontre de la préférence de Trump pour les négociations bilatérales. Cependant, étant donné que la majeure partie des échanges au sein de la FTAAP impliquerait les États-Unis et la Chine, les termes et la négociation de l’accord lui-même devraient adopter des caractéristiques plus bilatérales et réduire l’opposition de la part de l’Administration Trump.

Pour une analyse plus approfondie du TPP et de sa relation avec la FTAAP, cliquez ici.

Les Implications pour les Investissements au Vietnam

Compte tenu de l’incapacité des analystes à prédire la victoire de Trump, la concession d’Hillary Clinton a plongé les marchés à travers le monde dans un état de turbulence. Outre les États membres de l’ASEAN, le Vietnam continuera à subir les chocs à venir, les États-Unis étant sa principale source de demande. Alors que les marchés boursiers du pays ont pris un coup depuis l’élection, avec des conséquences également sur le Dong Vietnamien (VND), l’impact réel de la victoire de Trump se ressentira vraisemblablement selon l’impact de la politique Trump sur l’investissement direct étranger au Vietnam.

Même si les États-Unis ne parviennent pas à soutenir et à adopter le TPP, il existe de nombreux secteurs d’activité au Vietnam qui demeureront concurrentiels pour les investisseurs américains – un fait mis en évidence par la hausse du commerce bilatéral en l’absence du TPP. Pour les entreprises qui envisagent d’investir au Vietnam, il est important de procéder à une analyse préinvestissement des coûts au Vietnam – avec et sans TPP – afin de déterminer les opportunités relatives liées à l’établissement d’opérations dans ce pays. En conjonction avec l’analyse préinvestissement, il sera également de suivre de près les politiques de Trump concernant le commerce extérieur ainsi que sa position vis-à-vis du Vietnam.

Pour plus d’informations sur le PPT, sur la compétitivité des industries vietnamiennes, ou sur d’autres aspects liés à l’analyse préinvestissement au Vietnam, veuillez contacter Vietnam@dezshira.com ou visiter notre site Internet à l’adresse www.dezshira.com

 

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